J’ai fait un rêve à partir d’un cauchemar

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I have a dream from a nightmare

J’ai fait un rêve à partir d’un cauchemar

La France vient d’être attaquée ! Une nouvelle fois ses enfants ont été la cible d’assassins d’une lâcheté sans nom ! Ils s’en sont pris aux figures de notre enfance, à cette bouille au combien juvénile et rieuse de notre enjoué Cabu, ils ont tiré sur l’irrespectueux trublion toujours armé de son crayon Wolinski, ils ont décharné le fringant Tignous, ils ont décimé Charb et tous leurs autres acolytes présents ce jour-là. Pas besoin de vous faire un dessin, à trop rester confiné j’en étais retourné dans le passé. Un certain 7 janvier 2015 exactement. En allumant ma télévision, la torpeur m’assaillit. Je restais figé sur place, les lèvres entr’ouvertes et pour autant muet. Je n’y croyais pas. Une semaine après la Nouvelle Année, j’étais encore dans cette ambiance où l’insouciance nous enflamme de toutes les bonnes résolutions qu’on a méticuleusement mises en place dans sa tête tout au moins, car de là à les appliquer il y a encore des kilomètres.

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Des kilomètres, voire des milliers qui nous séparaient de ces autres qui quant à eux n’en étaient pas restés qu’au seul stade de l’élaboration d’idées et de la pensée, mais étaient dramatiquement passés à l’acte.

Sidéré comme tous, je resta devant mon écran sans en croire ce que je voyais, ni même ce que j’entendais. L’impensable c’était donc finalement produit, autant d’années après ces menaces proférées à leur encontre, ils avaient frappé des hommes et des femmes désarmés bien qu’au combien armés d’humanité.

C215 - Paris
Fresque réalisée par C215, son diaporama est disponible ici : https://www.flickr.com/photos/c215/32522674435/in/album-72157678266035550/lightbox/

Après des heures, pétrifié, je retournais sur mon ordinateur à la quête de compléments d’informations. Je constatais alors que le site du Président de la République était en train de se remanier. Puis peu à peu s’en suivirent celui du Premier Ministre et à mesure que les horreurs se poursuivaient sur l’ensemble du territoire national, je remarquais que les sites ministériels et officiels uns à un comme des dominos qui s’entrechoquaient subissaient eux aussi des refontes profondes. Des informations diffusées de toutes parts, qui partaient tout azimut, distinguer le faux du vrai devenait quasi-impossible.

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Mes yeux se sont fermés, je m’assoupis, complètement exténué et déphasé par un confinement qui s’installe dans la durée. A mon réveil ma télévision était restée sur une chaine info comme depuis ce premier jour de confinement pour covid19, les journalistes parlaient d’un match de foot, d’une explosion, puis de plusieurs, ils parlaient aussi de terrasses de cafés et de restaurants où des familles, des amis s’étaient réunis comme on sait si bien le faire avec notre art de vivre à la française. Et dans brouhaha médiatique j’entendis le nom du bataclan, cette salle mythique… Mon sang ne fit qu’un tour, c’est à l’évocation de cette salle que je me remémorais les faits, le concert de rock et toutes ces victimes. Pour en avoir le cœur net, je me mis à mon ordinateur, j’entra les mots clés bataclan attentat et là je vis avec surprise en toute première réponse, quelque soit le moteur de recherche utilisé, l’adresse d’un site que j’ignorais, attentats2015.gouv.fr. J’entrais alors sur ce site, j’y découvris, médusé, un site parfaitement organisé et structuré, un peu comme s’il avait existé depuis toujours, alors qu’une simple recherche d’ancienneté me prouvait que l’adresse complète avec ce sous-domaine venait d’être créée là ce jour-ci, j’avais donc désormais basculé dans un 13 novembre 2015 qui ne se ressemblait pas en tous points avec celui de mes souvenirs. Armé de ma curiosité légendaire, je me mis à scruter ce site que je voyais pour la toute première fois. J’y découvrais une page de curation de contenu qui s’organisait et se structurait à mesure que les informations tombaient. J’y trouvais les fils regroupés des volontaires ouvrant leurs portes pour y accueillir et sauver les personnes qui se trouvaient à proximité des coups de feu. J’y voyais en direct toute la solidarité des gens de bonne volonté qui grâce aux réseaux sociaux offraient leurs services. Et je voyais rassuré la France solidaire et organisée. Pas besoin d’avoir un compte chez un Twitter, un Facebook, avec les outils push toute l’information s’organisait quasi-toute seule sous mes yeux ébahis. A mesure que de la désinformation tentait de faire face, en front, une rubrique FakeNews m’informait quasi en temps réel des sites ou fils de discussion qui véhiculaient de fausses informations. Un clic sur le lien du site en question j’atterrissais sur une page d’alerte m’informant que ce site était fermé pour attaque à la Nation. Je voyais une mécanique comme rodée, qui donnait l’impression d’une certaine sérénité alors que dehors dans les rues de Paris régnait le chaos.

Rassuré et épuisé, un mal de tête et la gorge commençant à me bruler, je finis par m’effondrer de nouveau. A mon réveil il faisait nuit noire. La télé ne s’était toujours pas éteinte et confirmait que la Chine connaissait son vingtième jour sans décès. La France était toujours en attente de résultats d’études européennes qui prenaient du retard et se posait la question de la validité des tests à utiliser pour un hypothétique déconfinement qui ne serait pas pour maintenant, du choix sempiternel du bien fondé d’un traitement qui selon certains n’en était pas un, fidèle à elle-même elle poursuivait comme au premier jour l’art du débat et de la contradiction. Je ne savais plus où j’étais. Je me sentais nauséeux, comme fiévreux. Je décida alors de voir ce que mon ordinateur allait me dire. Je regarda tout d’abord quelle date il affichait, je vis sur l’écran d’accueil de mon ordinateur, le 28 avril 2020.

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J’étais revenu au présent. Rassuré et en même temps anxieux de n’être toujours pas sorti de cette pandémie du coronavirus qui provoquait le covid19, je consultais mon ordinateur. Mon moteur de recherche en page d’accueil, je rentrais le terme covid. En haut de la page de réponse, je trouvais un site dont l’adresse m’apparaissait familière et pourtant inconnue. Je décida alors de faire la même recherche sur tous mes moteurs de recherches, et de !bangs en !bangs, mon DuckDuckGo me propulsait sur chacun des moteurs que je sollicitais, me renvoyant quel que soit le moteur de recherche utilisé toujours en première réponse ce même site, le covid19.gouv.fr., en dessous, je trouvais les principaux sites des ministères impliqués dans les conséquences de ce confinement qui s’installait dans la durée. Une visite sur le site covid19.gouv.fr, m’amenait sur un site que je découvrais pour la toute première fois et qui ressemblait à celui que je venais à peine de quitter attentats2015.gouv.fr. J’y retrouvais là aussi une information parfaitement structurée et qui venait à mesure que je restais dessus s’alimenter des derniers posts d’un ministère publié sur son compte officiel qui Facebook ou Twitter, avec même une possibilité de filtrage et d’abonnement à des flux rss. L’agrégation d’informations, la curation de contenu qui était visiblement réalisée aboutissait à la rédaction d’articles de fond richement documentés et argumentés. Tout ceci me confortait dans la certitude que mon gouvernement maitrisait la situation et que même s’il naviguait à vue devant un virus aux rouages inconnus, il me tenait en adulte responsable à mesure que l’information lui parvenait. En haut de page j’avais un bandeau qui se masquait tout seul après 10 secondes de visites et qui m’indiquait que j’avais la possibilité de retourner à tout moment sur le site habituel gouvernement.fr si je voulais retrouver les informations hors contexte particulier de crise. D’un clic, je naviguais sur une qualité d’information fiable. En trois clics au plus, j’aboutissais à l’information que j’étais venue chercher, respectant là en tous points les règles et autres indications prodiguées régulièrement pour assurer une bonne ergonomie de l’information. Lorsque j’étais redirigé vers un site extérieur au principal, une alerte m’informait que j’allais sortir du site.gouv.fr et que j’allais entrer soit sur un site institutionnel, soit sur un site partenaire participant à l’initiative d’élan national qui c’était organisé. Et dans le cas d’une redirection vers un site totalement extérieur, y compris vers un article de journal ou de revue scientifique, le même type d’alerte m’indiquait vers quel site j’allais être redirigé et me proposait d’ouvrir le lien dans une nouvelle fenêtre plutôt que de remplacer celle-ci. J’étais rassuré et retrouvais ce même sentiment paradoxal en pareille circonstance d’un apaisement serein.

Curieux de voir si je pouvais retrouver cet autre site attentats2015.gouv.fr que j’avais été amené à consulter dans mon voyage onirique, je constatais avec une certaine satisfaction que non seulement ce site perdurait, mais qu’il avait été en quelque sorte comme figé dans le temps. Une recherche un plus poussée me démontrait à quel point cette conformation de l’information avait été instructive et un Researchgate plus tard je découvrais que de nombreuses études avaient alors été rendues possibles grâce à sa présence. J’y trouvais tout à la fois des études émanant des sciences sociales sur les mouvements de population et l’entraide qui s’était autoorganisée de façon informelle, j’y lu à quel point l’agrégation des flux d’informations issues des réseaux sociaux avait joué un rôle facilitateur dans la fuite et l’hébergement des personnes à proximité des événements dramatiques. J’y trouva une étude qui avait répertorié les marques spontanées de créations artistiques relayées là aussi par le même site. Et surtout je compris en fait que ce site était le résultat d’une entente préalable et d’une coopération gouvernementale et communautaire. Que les informations étaient tant à la fois structurées par les services numériques du gouvernement que par l’ensemble de petites mains, issues d’une communauté de curateurs… Rassuré qu’un tel site existe, me repris une grande inspiration, pour libérer ma respiration.

Je retournais alors à mon travail de veille de l’information dans ma communauté des curateurs QREaz.

 Si vous aussi voulez participer à notre Communauté des Curateurs QREaz, rejoignez notre groupe : https://www.linkedin.com/groups/8918585/

Sources :

Wolinski : https://duckduckgo.com/?q=wolinski+georges&t=ffab&atb=v213-2&ia=web

Cabu : https://www.qwant.com/?q=cabu

Tignous : https://www.quora.com/search?q=tignous

Charb : https://duckduckgo.com/?df=d&q=charb&atb=v213-2&ia=videos

Researchgate.net : https://www.researchgate.net/search

Sources des photos :

https://www.babelio.com/users/AVT_Georges-Wolinski_2170.jpeg

https://web.archive.org/web/20160122161628im_/http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/illustration/2015/11/twitter_ref3.png

https://web.archive.org/web/20160122132908im_/http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/styles/action_teaser/public/contenu/image/2015/11/twitt-num-attentat-01_article.jpg?itok=5qnE41Jt

Archivage du Web

Archive du site de l’Élysée au jour du 14 janvier 2015 (soit 7 jours après les attentats qui ont commencés par l’attentat de Charlie Hebdo) : https://web.archive.org/web/20150114081106/http://www.elysee.fr/

Attentats du 13 novembre 2015 en France — Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Attentats_du_13_novembre_2015_en_France

Attentats du 13 novembre 2015 en France, véhicules de police devant le Bataclan.

Archive du site gouvernement.fr en date du 15 novembre 2015 (au surlendemain des attentats du 13 novembre 2015) : https://web.archive.org/web/20150114081106/http://www.elysee.fr/

Archive du site gouvernement.fr en date du 22 mars 2020 (Confinement Covid19 J7) : https://web.archive.org/web/20200322214742/https://www.gouvernement.fr/